La Couleur du Lait, Nell Leyshon

 ~ On lit quoi ? ~

Titre : La Couleur du Lait

Auteur : Nell Leyshon

Édition : 10/18 (2015)

Prix* :  6,60 € (P)

~ La 4ème ~

1831. Mary, une jeune fille de quinze ans, mène une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset. Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu'on l'a envoyée chez le pasteur Graham pour servir et tenir compagnie à son épouse, une femme fragile et pleine de douceur. Avec elle, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l'écriture... mais aussi obéissance, avilissement et humiliation. Un apprentissage qui lui servira à coucher noir sur blanc le récit tragique de sa destinée. Et son implacable confession. Nell Leyshon réalise un travail d'orfèvre avec ce portrait inoubliable, où vibre la voix lucide et magnifique de son héroïne.

Mary est une jeune adolescente de quinze ans, sans instruction et née avec une malformation à la jambe. Petite dernière de trois enfants, toutes des filles, son handicap ne l'empêche pourtant pas de travailler dur et de se lever aux aurores tous les matins pour faire ses corvées à la ferme familiale. Malheureusement, la petite a beau faire de son mieux, du point de vue paternel, cela ne suffit pas. Alors c'est sans aucun scrupule qu'il va placer sa cadette chez le révérant Graham, moyennant quelques pièces. Les premiers jours sont difficiles pour Mary et même si une affection réciproque naît entre elle et la femme du pasteur, la coupure avec sa vie d'avant est rude. Et elle n'imagine pas encore à quel point...

J'ai découvert La Couleur de Lait grâce à Twitter. De commentaires flatteurs en compliments élogieux, je me suis vite procurée ce petit roman afin de me faire, moi aussi, une idée. Grosse pression donc. Je n'aime pas quand l'avis général diffère du mien (ou  l'inverse).
Je m'installe donc confortablement et le commence, impatiente. 
Dès les premiers mots, gros moment de solitude : le style ne ressemble à aucun autre. Exit les majuscules, adieu la ponctuation, même les dialogues ont été oubliés et se fondent dans le texte ! Je m'accroche tout de même (je n'aime pas abandonner trop vite) et j'enchaîne les pages. Une. Puis deux. Puis trois. Puis dix. Finalement, je m'adapte à cette écriture atypique et je me délecte de l'histoire. 

Elle nous est racontée par Mary, avec humour et lucidité. Nous sommes en 1830. Fille de ferme, née avec une "patte folle", elle se doit de subir des soeurs condescendantes, un père brutal et une mère indifférente. A la manière d'un journal,  Mary, sans filtre, nous livre ses impressions et on comprend alors le choix de l'auteur pour ce style d'écriture si particulier. Mary apprend à lire et maîtrise à peine les codes de l'écrit. Elle se contente de retranscrire tels quels ses sentiments, sans fioritures. Les erreurs de syntaxe et les répétitions prennent alors tout leurs sens et rendent Mary plus attachante encore.
Je suis définitivement conquise. J'enchaîne alors les saisons et m'approche de la fin avec excitation et appréhension. J'ai hâte de connaître cet épilogue, que je sens fort en émotion (sans avoir conscience une seconde de ce qui m'attends !), mais une partie de moi ne veut pas abandonner Mary. J'en arrive aux dernières pages, au dernier mot...

~ Bref ~

Une confession coup de coeur intense et bouleversante à lire absolument

~ Le + ~

Le style de l'auteur qui, après un petit moment d'adaptation, donne toutes leurs dimensions au texte et aux personnages

~ Le - ~

Aucun !